Le Botox pourrait accélérer l'effet de certains médicaments


VILLIGEN AG / ZURICH - Des scientifiques de l'Institut Paul Scherrer (PSI) ont découvert une astuce qui pourrait élargir les possibilités d’utilisation en médecine de la toxine botulique A1, mieux connue sous l’abréviation de Botox. Elle pourrait par exemple accélérer l'effet de certains médicaments, les antidouleurs par exemple, selon ces travaux publiés dans Nature Communications.

La neurotoxine botulique A1 est produite par des bactéries. Elle est devenue célèbre du fait de son utilisation comme adjuvant cosmétique, et de nombreuses personnes se font injecter du Botox au niveau des rides pour avoir l’air plus jeune.

Un autre aspect du Botox est moins connu: il est très fréquemment utilisé en médecine pour traiter des affections dues à des muscles spasmodiques ou à des signaux nerveux erronés, comme les douleurs, la spasticité, les faiblesses de la vessie, le grincement des dents et les désalignements des yeux, par exemple.

Même dans le traitement du cancer de l’estomac, le Botox est utilisé pour bloquer le nerf vague et ainsi ralentir la croissance tumorale, a indiqué lundi le PSI dans un communiqué.

Une équipe emmenée par Richard Kammerer au PSI, avec Andreas Plückthun, biochimiste à l’Université de Zurich, a cherché à étudier s’il était possible d’influencer l’effet de la toxine. Dans ce but, elle a produit des DARPins, de petites protéines fabriquées de manière artificielle qui agissent comme des anticorps. Elles sont utilisées dans les traitements médicaux, le diagnostic et la recherche fondamentale.

Leur idée: identifier des DARPins qui se lient de manière ciblée au domaine catalytique du sérotype A1 du Botox. Le domaine catalytique est la partie de l’enzyme qui coupe certaines protéines et est, de ce fait, responsable de son action sur les nerfs.


Effet inattendu

Lorsque les scientifiques, en collaboration avec l’Institut de biomédecine de l’Université de Padoue (I), ont testé une DARPin jugée prometteuse dans des cultures cellulaires, ils ont constaté un effet inattendu: l’effet toxique du Botox, c'est-à-dire le clivage des protéines qui sont importantes pour la transmission des signaux nerveux, s’est produit plus rapidement que d’habitude.

"Nous avons d’abord cru que nous avions commis une erreur", explique Oneda Leka, première auteure de l’étude et post-doctorante au PSI, citée dans le communiqué. Mais d’autres essais ont confirmé ce résultat paradoxal: l’effet toxique de l’enzyme du Botox s’accélérait au lieu de s’estomper.

Les scientifiques ont alors répété les essais avec des diaphragmes de souris, autrement dit de vrais muscles. Là également, il s’est avéré qu’avec la DARPin, l’effet paralysant intervenait deux fois plus rapidement.

Il se pourrait donc que la DARPin élargisse le spectre des possibilités d’utilisation de la neurotoxine botulique, selon Oneda Leka. Dans le domaine de la médecine de la douleur notamment, un additif qui accélère le début de l’effet d’un médicament de longue durée pourrait être intéressant.

Le 18 décembre 2023. Sources : Keystone-ATS. Crédits photos: Adobe Stock, Pixabay ou Pharmanetis Sàrl (Creapharma.ch).

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